Un maître mot : la solidarité

Si un mot semble résumer parfaitement la philosophie mais aussi l'activité de Maurice MARLAND c'est celui de SOLIDARITÉ

SOLIDARITÉ, tout d'abord, envers un certain nombre d'orphelins de la guerre 14-18 dont il était le tuteur moral. Son activité consistait alors essentiellement à pallier certaines insuffisances de l'administration en s'efforçant d' "humaniser" au maximum les rapports entre cette administration et les familles d'accueil. Pour cela, il parcourait régulièrement la région granvillais afin de rendre de nombreuses visites aux enfants dont il avait la charge.  

SOLIDARITÉ et croyance dans une société plus généreuse et plus fraternelle lorsqu'il participe avec M. Flamand à la mise en place des Auberges de Jeunesse dans la Manche en 1936.  

SOLIDARITÉ toujours, lorsqu'il met en place en 1938, une structure permettant l'accueil des familles de Républicains Espagnols au Château du Bonheur à Saint Nicolas. En plus de l'aide matérielle, M.MARLAND s'efforça de favoriser l'intégration de ces familles dans le milieu granvillais à travers différentes actions telles que l'organisation d'un match de football entre Granvillais et Espagnols dont une photographie est parvenue jusqu'à nous. 

 

Football Une équipe de jeunes footballeurs parmi lesquels

des réfugiés républicains Espagnols - 1938 ­

Epsfoot1938a 800x600 Epsfoot1938b 800x600Equipes de foot de l'EPS

 

 

 


Extrait de l'article de Yann Le Pennec  [Maurice Marland :l'homme, le professeur, le résistant] 

 

...Une attention  particulière le mobilise,  orphelins de la Grande Guerre, mais par delà l'intérêt pour l'enfance et l'adolescence, elle embrasse la jeunesse, génération heureuse, peut-être, de ne pas trop savoir. Comme tant d'autres parmi les éducateurs du peuple, l'élève de l'École Normale a été profondément touché par la grande voix de Jaurès, par l'universalisme  inspirant son discours à la  Jeunesse de 1903: « Des hommes qui ont confiance en l'homme affirment avec une certitude qui ne fléchit pas, qu'il vaut la peine de penser et d'agir, que l'effort humain vers la clarté et le droit n'est jamais perdu. L'histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir ». Bien qu'il se tienne soigneusement à l'écart de tout engagement politique partisan, sa pensée et son action restent traversées par l'ardeur républicaine du fondateur de l'Humanité, dont il semble porter la philosophie humaniste auprès de ses élèves:« Aller à l'idéal et comprendre le réel ».

 

  Après le 6 février 1934, après la victoire du mouvement populaire sur les ligues fascistes déterminées à  exploiter les faiblesses du régime pour détruire la république parlementaire, il se retrouve à l'initiative de la création du réseau des Auberges de Jeunesse dans la Manche. Bientôt, l'amour qu'il porte à la patrie et à la liberté le presse encore, avec ses élèves, au devant des réfugiés républicains espagnols. Avec ses camarades des équipes d'urgence de la Croix Rouge qu'il a formées, il rassemble les énergies, fait installer des campements précaires, parfois sur la paille dans les hangars de la propriété des Dior. 

 

Des  matches de football sont organisés au Château du Bonheur sur la route d’Avranches; suivent des fêtes et des spectacles. Invitée, une fanfare espagnole, la Cobla Catalunya  fait entendre l'Hymne de Jiego, la Marseillaise retentit pour l'amour de la patrie par delà les frontières; l'Internationale lève l'espoir contre tous les chantres de la haine et de la peur de l'étranger.   

 

46 chateau bonheur coll jm santierChâteau-Bonheur

 

  Mais bientôt, le 10 mai 1940, la Wehrmacht, envahit la Belgique et les Pays-Bas, théoriquement neutres. Le 14, les panzers du général Gudérian pénètrent, en France,  se ruent pour encercler les forces franco-britanniques, en direction de la Mer du Nord et  prennent en tenaille les troupes alliées bloquées dans la poche de Dunkerque. La débâcle pousse dix à douze millions de personnes sur les routes; près de cent mille enfants sont privés de leurs parents. Paris capitule le 14 juin. Trois jours plus tard, arrivent à  Granville  les premiers combattants anglais et français qu'il faut secourir sans tarder et faire transiter vers l'Angleterre.

 

 SOLIDARITÉ, enfin, dans le cadre de son engagement au sein du comité de la Croix Rouge de Granville. Bien que simple bénévole, il fut particulièrement actif aussi bien dans des actions d'entraide "traditionnelle" de la Croix Rouge en période de guerre: accueil de réfugiés, envoi de colis aux prisonniers de guerre, création de centres de couchage et d'hébergement etc... que dans des actions plus ponctuelles mais oh ! combien plus dramatiques: le sauvetage des blessés lors de bombardements. A la lecture des témoignages, Maurice MARLAND fit preuve dans ces occasions d'un grand sens de l'organisation et d'une efficacité réelle.  

Croixrouge

Maurice Marland et Pierre Bernard - Croix-Rouge de Granville

 Bombardements de juillet 1944

 

 

Il est à noter que pour la plupart de ces initiatives, M.MARLAND cherchait à y associer ses élèves afin de leur faire percevoir concrètement le lien étroit qui, pour lui, existait entre l'enseignement de valeurs humanistes et la nécessité de les appliquer dans la vie de tous les jours.  

 

Voilà certainement pourquoi, on retrouvera, dès 1940, quelques uns de ses élèves à ses côtés dans ses premiers actes de résistance.

 
   

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