Résistants

René Heilig et Serge Marland

En 1994 deux personnes nous ont particulièrement aidés dans nos recherches sur la Résistance et particulièrement sur Maurice Marland : Serge Marland, fils du Résistant et René Heilig, membre du groupe des marins.

 

Le premier est décédé le 4 août 2000, et René HEILIG nous a quitté le 18 septembre 2005.

 

 
  •  René Heilig

Né à Créteil, près de Paris, le 15 mars 1918, il souhaitait être marin. Après un départ manqué vers l'Amérique, il viendra, à bicyclette, en 1936, chez sa marraine, Madame Jacques Beaumont à Saint-Pair-sur-Mer. 

C'est sur « l' Anjou », un cargo, qu'il commencera sa navigation. Mais il rêvait de marine à voile, « la vraie », disait-il...

Revenu à Granville, inscrit maritime, il fait la pêche sur les bisquines jusqu'à son service militaire. il est recruté dans la marine nationale.

 Reg attente
 En mai 1940, il se porte volontaire pour la bataille de Dunkerque. Sur le dragueur de mines « l'Edmond-René», il participe à l'évacuation de 600 hommes des troupes françaises et anglaises vers l'Angleterre. Cela du 14 mai au 4 juin 1940. « Ce fut l'enfer sur la mer »...

On lui décerne :

  • la croix de guerre avec étoile d'argent
  • la médaille de la ville de Dunkerque « en récompense à la conduite valeureuse des marins qui se sont battus comme des Lions » écrivait le journal local « le Nord maritime »

 Dunkerque1Évacuation dans le chaos des plages de Dunkerque en 1940

Dunkerque2

Banfora

le Banfora

Il quitte l'Edmond-René à Safi, au Maroc, où il est emprisonné avec d'autres jeunes Gaullistes au fort d'El-Hank (les canons d'El-Hank étaient redoutés par les alliés). Il y subira les mauvais traitements des gardiens Vichystes. Il en sortira tout de même vivant.

Il est sur le « Banfora » à Dakar, en pleine bataille, au moment de « l'expédition » Anglo-Gaulliste lorsque Thierry d'Argenlieu est blessé sur la vedette parlementaire le 23 septembre 1940. Après une affectation de deux ans à la base aéronautique navale de Dakar il reçoit la médaille coloniale.

Il rentre à Granville en Mai 1942. Il s'enrôle dans la Résistance.

Il est un des six marins du groupe Maurice Marland, du réseau Brutus.

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René Heilig (à gauche) et les marins du groupe Marland (de gauche à droite : Henri Thélot, Pierre Baudri, Léon Duclos,Maurice Richard et Jules Leprince)
 

 

Il est arrêté par les Allemands au début de 1944. Emprisonné à Saint-Lô, il sortira fin avril 1944. Volontaire de la Croix-rouge, il évacue et soigne les victimes des bombardements. Au travers de la Croix Rouge, il sert la Croix de Lorraine, toujours aux côtés de son chef Maurice Marland. En juillet 1944 il participera à la mission Helmsman, ce qui le conduira à la célèbre ferme Bagot à la Mancellière puis à Trelly à la ferme Menant Centre de Résistance. Il sera cité à l'ordre de la Croix ­Rouge, et recevra la médaille de la Résistance. 

Croixrouge-rené-Heilig

Après la guerre, il continuera sa vie de marin sur les pétroliers de la Société Maritime Shell partant à nouveau vers des pays éloignés de la France.

Après 36 années de navigation il prend sa retraite en1973. On lui remet la médaille de la Marine Marchande et la médaille de l'Europe.

C'est sur la falaise à Donville les Bains qu'il profitera encore de la mer, jusqu'à ce que, perdant la vue,  il ne distingue plus ni la mer, ni les bateaux, ni la plage, ni les dunes. 

Cet homme droit a vécu debout. Suivant son droit chemin en respectant ceux qui étaient respectables.

Nous saurons honorer sa mémoire.

 

 

  • Serge MARLAND

 

Serge marland 2

Serge marland1

Serge Marland lors de la marche pour la Liberté en 1994

 

Serge Marland nous a quittés le 4 août 2000. Fils de Maurice Marland, Il  avait guidé nos recherches sur la résistance à Granville et notamment sur le rôle de son père, à l'occasion du cinquantenaire de la Libération en 1994.  

Serge Marland donna à notre travail tout son sens, il fut en quelque sorte notre caution morale. L'absence de  ressentiment, de sentiment de haine ou de d'esprit vengeance caractérisait  l'homme, qui prit soin de cadrer notre travail. Pédagogue, il s'employa à transmettre  aux élèves certaines valeurs : solidarité, refus de l'injustice sous toutes ses formes, cherchant aussi à inscrire dans l'actualité récente ce travail de mémoire.

 

Ci-dessous la transcription de son intervention auprès des élèves témoigne de son engagement :

« Vous, quand vous ouvrez votre poste de télévision, quand vous écoutez les nouvelles, vous vous apercevez qu’il y a des endroits de notre temps où il y a des gens qui ont un fusil à lunette et qui tirent sur des hommes ou des femmes qui vont au ravitaillement et qui sont tout ravis quand ils les descendent.

Vous savez aussi que dans d’autres pays, les gens qui pensent, qui essayent de réfléchir, qui essayent de dire dans un journal ce qu’ils pensent, on les assassine. Et ça, ça n’est pas que dans les pays qui sont plus au sud, c’est parfois à quelques centaines de kilomètres d’ici.

Mais les actualités d’aujourd’hui sont tellement atroces qu’on ne les regarde plus.

Pourtant, toutes ces histoires de meurtres et de violences et de déchaînement de haine parce que le type d’en face, il n’est pas assez Musulman, ou trop Musulman, ou trop Chrétien ou simplement de l’autre côté de la rivière, eh bien vous les voyez tous les jours. Mais vous ne pouvez pas y croire parce que ça ne se passe pas chez vous.

Mais lorsque s’abat chez vous une histoire comme le Nazisme, à ce moment là, vous n’avez pas d’autre choix que d’y croire. »

Interview de Serge Marland, 1994 

Serge Marland travaillait comme psychiatre pour enfants à Paris. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la psychothérapie et aussi, dans un autre domaine, il a édité plusieurs pièces de théâtre et des recueils de nouvelles.

Il avait eu la gentillesse d'offrir au C.D.I. ses ouvrages dédicacés : 

  • Guérir des pièges de notre enfance ? .- Édition Flammarion, 1973

  •  Voulez-vous un enfant heureux ?.- Édition Flammarion, 1983

  •  Théâtre : 4 volumes .- Les Éditions de l'Aigle, 1993

  • Tante Madeleine et La cerclature du carré – Comédies .- La Femme pressée, 1998
  • Promenade dans la forêt des petites souffrances inutiles. aux Éditions Relier, 2000.

     

     

 

 

 

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Serge Marland au lycée hôtelier de Granville photographié lors de son témoignage sur son père en 1994.

   

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